Relier la science, le climat et la santé publique : mon expérience à la première assemblée générale annuelle du Réseau des maladies infectieuses sensibles au climat.


Par Dieudonné Roland ELOUNDOU OMBEDE

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Au cours du second semestre de cette année, j’ai participé à la première Assemblée Générale Annuelle (AGA) du Réseau des maladies infectieuses sensibles au climat (RMISC), qui s’est tenue à Bangkok et Kanchanaburi, en Thaïlande. Co-organisée avec l’Unité de Recherche en Médecine Tropicale de l’Université Mahidol, cette réunion, qui s’est tenue du 21 au 25 juillet 2025, a réuni des chercheurs, des praticiens de la santé publique, des décideurs politiques et des développeurs d’outils et de modèles. Réunissant des professionnels de tous horizons, l’AGA est rapidement devenue une plateforme dynamique d’échange de connaissances, de collaboration et de discussion pour relever l’un des défis sanitaires mondiaux les plus urgents de notre époque : l’intersection du changement climatique et des maladies infectieuses.

Réunion générale du comité

Mon parcours a commencé la veille, le 20 juillet 2025, lorsque j’ai assisté à la réunion générale  des comités, un précieux prélude à la conférence principale. Au sein du RMISC, les comités sont des groupes de bénévoles issus d’horizons divers, qui consacrent leur temps et leur expertise à influencer ensemble les priorités et l’impact du réseau. Cette réunion a réuni les principaux membres du réseau pour faire le point sur les progrès et affiner notre vision collective. Cette séance m’a permis d’échanger en personne avec l’équipe, mes pairs du comité de Communications, et les membres des autres comités. Les discussions ont porté sur les stratégies du réseau, notamment leur harmonisation, le partage des enseignements tirés des six premiers mois d’existence, l’affinement des programmes et la planification des activités pour les cinq prochains mois.

Réunion du Comité général à l’Eastin Grand Hotel Phayatai, Bangkok, Thaïlande (Photo d’Angela Okune) 

J’ai pris connaissance des actions menées par les autres comités pour surmonter les difficultés rencontrées dans leur contribution aux objectifs stratégiques du réseau. Pour moi, le point le plus important à retenir a été l’importance de l’inclusion : veiller à ce que les contributions des pays à revenu faible et intermédiaire, des jeunes chercheurs et des jeunes professionnels soient non seulement accueillies favorablement, mais aussi activement intégrées aux processus décisionnels.

Sessions et activités à Bangkok

Les deux premiers jours (21 et 22 juillet) de l’AGA à Bangkok ont ​​été riches en échanges de connaissances et en découvertes scientifiques. Le premier jour, des présentations ont mis en lumière les recherches émergentes et les approches pratiques sur l’influence de la variabilité climatique sur la propagation géographique, la saisonnalité et l’intensité des maladies à transmission vectorielle. Les sessions ont montré comment les nouveaux modèles statistique et modeles d’Inteligence Artificiels peuvent prévoir les épidémies avec une précision croissante en intégrant des variables climatiques telles que la température, les précipitations et l’humidité. 

Quelques présentations, entre autres : (A) Modèles et systèmes d’alerte précoce (SAP) pour les MISC, par Leonardo et Sisay, (B) Résultats des recherche sur les MISC, par Mamadou, (C) Système d’alerte précoce de la Dengue au Vietnam, par Phong, et (D) un jeu de simulation des MISC par Sebastian. Photos (A), (B), (D) par Natthaphon Sakulvanaporn ; Photo (C) par Dieudonné Eloundou. 

Ces outils transforment notre façon d’anticiper et de nous préparer aux menaces telles que le paludisme, la dengue et autres maladies infectieuses à transmission vectorielle. De nombreux intervenants et participants ont souligné l’importance de la collecte de données localisées pour améliorer la précision des modèles prédictifs. Les discussions ont souligné la nécessité d’une collaboration entre climatologues, épidémiologistes, modélisateurs de données et gestionnaires de systèmes de santé. Cette AGA a fourni des exemples concrets de la manière dont une telle intégration peut transformer les connaissances théoriques en interventions pratiques et vitales. Pour un jeune chercheur comme moi, ces connaissances ont été précieuses. Elles ont non seulement approfondi ma compréhension du domaine, mais ont également révélé des lacunes de recherche émergentes auxquelles je pourrais contribuer.

La deuxième journée à Bangkok nous a conduit à l’Université Mahidol pour une visite institutionnelle enrichissante. La visite a débuté au Centre d’Excellence en Informatique Biomédicale et de Santé Publique, où nous avons découvert des solutions de santé numérique de pointe et des innovations basées sur les données, au service de la recherche et de la prise de décision en santé publique. Nous avons ensuite exploré le Musée des Maladies Tropicales, un impressionnant centre de connaissances présentant les défis historiques et contemporains de la médecine tropicale. À travers ses collections, le musée a illustré l’évolution de la recherche sur les principales maladies tropicales dans la région. Nous avons conclu le tour du campus universitaire par une visite des Laboratoires du Département d’Entomologie Médicale. Des chercheurs y ont présenté leurs travaux en entomologie médicale et les stratégies de lutte contre le paludisme. 

Visite de l’Université Mahidol : (A) visite du Centre d’excellence en informatique biomédicale et de santé publique (Photo : Angela Okune) ; (B) visite du Musée des maladies tropicales (Photo : Natthaphon Sakulvanaporn) ; (C) visite du Département d’entomologie médicale, l’Unité de lutte antivectorielle (Photo : Dieudonné Eloundou).

Les démonstrations pratiques et les discussions ont mis en évidence le rôle essentiel que joue l’entomologie dans l’amélioration de la préparation et de la réponse en matière de santé mondiale.

Cette visite m’a non seulement apporté de précieuses connaissances scientifiques, mais aussi une meilleure compréhension du rôle de premier plan que joue l’Université Mahidol en médecine tropicale et en recherche sur les maladies infectieuses sensibles au climat.

L’expérience de Kanchanaburi : mises à jour des comités et discussions des groupes de travail. 

La délocalisation à Kanchanaburi a apporté un changement de rythme et de perspective rafraîchissant. Les trois jours suivants ont été riches en activités de partage, en discussions de groupe et en réseautage. Tous les comités, y compris les boursiers, ont partagé avec l’ensemble des participants leurs travaux d’élaboration des stratégies du réseau. Mon comité, le Comité de Communication et de Recherche, a fait part de l’avancement de son processus d’élaboration de sa stratégie de communication tout en demandant aux participants intéressés de nous rejoindre et en recueillant les suggestions et les idées des participants.

Représentants du Comité de communications à l’AGA 2025 du RMISC. De droite à gauche : Mamadou Coulibaly, Sharon Tshipa, Dieudonné Eloundou et Muhammad Asaduzzaman (photo par Natthaphon Sakulvanaporn).

Discussions du groupe de travail du référentiel des Modèles, données et méthodes sur les MISC. De droite à gauche : William Hart, Sophearen Ith, Felipe Colon-Gonzalez, Leonardo Rafael Lopez, Henock Tadesse Bireda et Dieudonné Roland Eloundou Ombede (photo par Natthaphon Sakulvanaporn).

Les discussions interactives des groupes de travail visaient à nous permettre de réfléchir et de poser les bases de futurs projets collaboratifs. Les groupes de travail au sein du RMISC sont des petits groupes autonomes de membres du réseau qui se réunissent pour faire avancer des sujets pertinents liés aux MISC. Ces discussions ont été particulièrement enrichissantes, car elles ont démontré que même les chercheurs en début de carrière et les jeunes professionnels peuvent contribuer significativement à définir les priorités du réseau.

Les connexions : construire un réseau de soutien mondial 

Le réseautage a été l’un des aspects les plus marquants de l’AGA. Rencontrer des personnes partageant les mêmes passions, mais abordant les défis sous des angles disciplinaires ou régionaux différents, a élargi mes perspectives. J’ai pu nouer des contacts avec des chercheurs, des praticiens de santé publique et des développeurs d’outils et de modèles à tous les stades de carrière. Les échanges se sont souvent prolongés au-delà des salles de conférence : lors des repas, des visites sur le terrain et même des trajets en bus. Ce cadre informel a favorisé la confiance et l’ouverture, permettant aux collaborations de s’établir naturellement.

Principaux points à retenir et perspectives d’avenir 

Ma participation à la première assemblée générale annuelle du RMISC a été un investissement dans mon développement professionnel, mes capacités de recherche et ma capacité à contribuer à la résilience sanitaire mondiale. Les connaissances acquises ont affiné ma compréhension de la modélisation prédictive et de l’intégration des données climatiques dans la lutte contre les maladies. Les bénéfices se sont étendus à des études de cas et à la découverte d’outils innovants. Les liens que j’ai tissés serviront de base à de futures collaborations, et l’inspiration que j’ai puisée auprès de cette communauté mondiale nourrira mon engagement dans ce domaine. Pour les jeunes chercheurs, les praticiens de santé publique et les développeurs d’outils, des rencontres comme cette AGA sont essentielles. En reprenant mes activités, je le fais avec un sens renouvelé de l’objectif et une vision plus large. Les défis du RMISC sont immenses, mais ils ne dépassent pas la capacité collective de cette communauté engagée à les relever. 

Photos de groupe des participants : (A) à l’Eastin Grand Hotel Phayathai à Bangkok ; (B) à l’hôtel Dheva Mantra à Kanchanaburi (Photos de Natthaphon Sakulvanaporn).

Si la première AGA est un indicateur, le RMISC est bien placé pour avoir un impact durable, et je suis reconnaissant de participer à cette aventure.

A propos de l’auteur

Dieudonné Roland ELOUNDOU OMBEDE est un jeune Parasitologiste, Epidémiologiste de terrain, Chercheur et Innovateur en Santé Publique, avec une expertise en Ecologie des Maladies Infectieuses, particulièrement les Maladies Tropicales Négligées (MTNs). Il a également une expérience dans la gestion et les outils de diagnostic des MTNs, et est passionné par le développement et l’implémentation des méthodes opérationnelles, des modèles prédictifs et des outils de santé numériques taillés pour la surveillance des MTNs dans les zones à ressources limitées, dans le contexte du changement climatique.  

Contacts : Email: [email protected] ; OU [email protected]. Trouvez le sur X (précédemment Twitter), et Linkedln

Révisé et édité par: Chloé Morine et Mamadou Coulibaly (membres du CSIDNet Comité de Communications).